Guillaume Paoli forme d’abord le constat suivant : le travail est une pathologie à ce point répandue qu'elle en passerait inaperçue, si les symptômes qu’il provoque ne finissaient pas eux-mêmes par entraver la bonne marche des affaires et l'éfficacité de ses agents (suicides au travail, dépression, etc.). Appuyant ses propos sur l’analyse historique des grandes doctrines économiques industrielles passées (fordisme, taylorisme, capitalisme), il s’attache à la description clinique des dégâts causés par la dernière en date de ses évolutions : le libéralisme capitaliste mondialisé, ou « néolibéralisme ». La « modernité » de l’exploitation tient en particulier au fait qu’elle exige aujourd’ui le plein assentiment de ses agents, alors que ses formes antérieures se contentaient de leur force musculaire. C’est ce que Paoli appelle ici la « motivation ». Cette motivation, pierre angulaire de toute espérance de rentabilité, doit habiter chaque individu profondément pour produire son résultat optimal. Ce texte, qui pousse très loin la démonstration par l’absurde, entend donc inciter à méthodiquement rechercher la plus grande démotivation dans les comportements requis pour soutenir notre monde merveilleux.
Guillaume Paoli est l'inspirateur du très populaire mouvement des « chômeurs heureux », apparu en Allemagne en 1996. Il suggère que soient récompensés ceux qui, grâce à leur non-travail, contribuent à la « rationalisation » et à « l’assainissement » des entreprises.